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Alexandre Chassagnac : « Le fait d’assumer ma voix m’a toujours assuré le respect des autres »

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On le croit, à tort, que chanteur lyrique. En fait, il est bien plus que cela. Auteur, compositeur, interprète, producteur, coach vocal, directeur artistique et accessoirement, animateur télé. Eh oui, le « chant » d’action d’Alexandre Chassagnac est aussi large que celui de sa palette vocale. Du gothique, au pop opéra en passant par le rock et la variété, il fait le grand écart dans différents styles avec dextérité et surtout, grand amusement. Découvert dans « C’est mon choix », lancé par « Incroyable talent » et reconnu par « The Voice », l’artiste charismatique à la voix d’ange n’en finit pas de surprendre et d’émerveiller par l’étendue de son talent qui lui permet de prendre aussi bien des intonations de ténors que de cantatrices. Malgré la crise sanitaire, l’actualité de ce touche à touche castillonnais est restée extrêmement dense. De passage à Paris et entre deux rendez-vous, le poète enchanté nous parle de la rentrée chargée qui l’attend.

Impact European : Vous venez de publier votre premier livre « Ida Conrad des Inconnus » aux éditions LMDA. Qu’elle est cette histoire mystérieuse que vous nous présentez là ?

Alexandre Chassagnac : Elle se rapproche de celle d’une femme que je connaissais et qui a vécue les foudres de son mari. Mais comme je ne voulais pas montrer la femme dans une dépravation dont l’homme pouvait s’octroyer le droit, je l’ai traité de sorte à rester en accord avec ma vision de la femme, à savoir, un être fort.

IE : Le livre est un monologue. Ce choix n’est pas anodin ?

AC : En effet. Avec le monologue, l’homme ne peut venir se mettre à l’encontre de la parole de la femme. C’était incommensurable, impossible, inaltérable, inégalable. Il ne pouvait en être autrement, car il s’agit d’une femme.

IE : Alors, dites-nous qui est « Ida Conrade des Inconnus » ?

AC : C’est une femme seule de 72 ans qui réside sous les toits, dans un studio d’un très bel immeuble Haussmannien parisien et qui vit une vie qu’elle n’a jamais voulu. C’est une femme d’amour, intègre qui sait d’où elle vient. On peut y voir une maman, une amie, une voisine…

IE : Ce qui explique l’importance du rêve et une vie par procuration ?

AC : Oui. Elle a rêvé toute sa vie d’être une Ava Gardner, d’être une grande chanteuse adulée. Elle a le regret de la femme fatale, de la femme dominatrice, de la femme libérée. C’est une femme qui aime les strass, les paillettes, le beau maquillage, la perruque. Elle ira jusqu’à jouer avec le grand boa. Mais tout ceci ne va être que des aillons ; son mari refusant catégoriquement qu’elle soit une artiste.

IE : C’est pourtant une femme forte …

AC : Avec du caractère. Bien qu’elle soit ruée de coups, elle se relève toujours, car sa force, c’est celle de vivre cette vie de richesse sans l’avoir vécue.

IE : D’où le fait qu’elle soit dans l’intemporalité …

AC : C’est tout à fait ça. Elle a cette grande aisance de partir dans le passé et de revenir directement dans son présent. Elle n’est pas dans son époque et n’est plus dans le temps non plus. Elle est bloquée dans une vie qu’on lui impose. Et comme elle n’a pas encore réglé ce qu’elle devait faire, elle ne peut donc pas monter.

IE : Cette phase intermédiaire lui permet ainsi de s’approprier des références qui existent, mais qu’elle n’a pas connues …

AC : Exactement. Elle évoque Monsieur Benoît Binet. Comment une femme de ce siècle puisse parler d’avoir fait appel aux « binettes » du plus grand coiffeur perruquier français qui était, qui plus est, celui du Roi Soleil, sachant qu’il n’est plus de ce monde ? Idem pour Georgette Roques, l’une des petites mains les plus réputées de la ganterie de luxe de Millau ?

IE : Ida existe-elle ou, sort-elle tout droit de votre imaginaire ?

AC :» Elle s’est montrée à moi, alors que je résidais chez une amie. J’ai été réveillé par la première phase de ce monologue. Je l’ai écrit comme si une femme me disait « Voilà qui je suis ». Dans ma tête, j’ai alors entendu « Je suis Ida Conrad des Inconnus ». J’ai laissé murir mes écrits, mais bizarrement, j’étais toujours en contact avec elle.

IE : À vous entendre, elle vous aurait inspiré ce livre …

AC : Cette femme a-t-elle existée ? Est-elle d’ici ou d’ailleurs, coincée entre deux mondes ? Ce qui est sûre, c’est qu’elle avait besoin de parler d’elle. Par mes écrits, c’est sa voix que l’on entend.

IE : À travers Ida, il est surtout question d’une ode à la femme …

AC : La femme est belle, la femme existe. L’homme se doit de la reconnaître dans sa beauté intérieure, dans sa richesse et dans celle qu’elle peut lui apporter. Elle est vecteur d’amour et de force. Je trouve qu’aujourd’hui, la beauté de la femme n’est pas mise en avant. À travers Ida et en tant qu’homme, j’essaie de le faire.

IE : Quid de la subtilité de son nom ?

AC : Elle est « dés inconnue » bien qu’elle dise « Je ne suis pas une inconnue ». Elle va comprendre qu’elle n’est pas « Ida Conrad des Inconnus », mais Ida des lymphes qui est restée bloquée entre deux mondes et qui aujourd’hui s’élève.

IE : Quels en sont les messages subliminaux ?

AC : L’amour de la femme pour un homme, la recherche de soi et l’acceptation de l’entre deux. Par rapport à Ida, il y a à la fois la femme, la déesse, tout ce qui peut comporter la force de la femme.

IE : Ce livre sera porté sur scène par Marie-Christine Adam …

AC : Marie-Christine Adam est justement LA Femme. C’est la beauté de l’âme par excellence et j’en suis totalement fan. Qu’elle interprète Ida était un souhait. L’avoir accepté me comble de joie. Ce sera pour septembre 2021, à Paris, ville d’amour, ville d’Ida.

IE : Allez-vous la coacher pour les parties chantées ?

AC : Marie-Christine le sera en effet par moi-même et avec un pianiste.  Nous allons la préparer pour l’enregistrement du CD qui accompagnera le livre, puis nous travaillerons pour le monologue d’1h15 qu’elle aura à tenir sur scène.

IE : Avant de faire carrière dans l’artistique, vous avez embrassé celle de militaire dans l’armée de terre. Quitter l’uniforme, votre sacerdoce a, in fine, été salvateur ?

AC : Non seulement d’avoir été militaire pendant onze ans a été salvateur, mais en plus, cela m’a permis de me trouver, de me pousser dans mes retranchements et de sortir du carcan de petit enfant à problème.

IE : Avez-vous vécu la guerre ?

AC : Non, mais je suis allé en Bosnie à Sarajevo auprès de gens qui l’ont vécue et que me l’ont expliquée.

IE Cette voix particulière haut perchée de coloratur a-t-elle été autant un souffre-douleur qu’une fierté ?

AC : Au début, ma voix était une grosse souffrance. Mais, par la longue, elle devenue une force dont je me suis amusée.

IE : Vous a-t-elle posé des problèmes en tant que militaire ?

AC : Le fait d’assumer ma voix m’a toujours assuré le respect des autres et n’est jamais rentré en ligne de compte quant à mon travail et à mon grade.

IE : Les émissions de télé crochet auxquelles vous avez participées (« Incroyable talent » sur M6 et « The Voice » sur TF1), sont-elles un chemin incontournable pour réussir à se faire connaître ?

AC : Le véritable biais de la musique aujourd’hui est médiatique. Même si internet pullule de propositions en tout genre, la télévision est plus propice. Encore faut-il y arriver avec un univers. Gagner une émission ne doit pas être l’objectif d’un véritable artiste. Pour ma part, c’est « The Voice » qui m’a apporté l’étiquette définitive d’artiste français. Donc, merci à ces émissions qui nous ouvrent la porte, merci aux journalistes qui nous donnent l’opportunité de nous exprimer et merci au public.

IE : Dans la cadre de votre rôle de coach, vous avez pris sous votre coupe Tiago H., un artiste en développement dont le 1er single « Dans la peau » tourne partout sur le net (voir notre interview du 30 juin dernier : « Tiago H. : la révélation de l’été »)

AC :  C’est la rencontre d’un élève qui arrive en milieu d’année pour prendre des cours de chant. Quand je l’ai écouté, j’ai décidé de le préparer directement à un casting pour lequel j’étais sollicité par un producteur qui était à la recherche d’un jeune artiste typé espagnol andalou pour un projet pop latino. Au bout d’un mois, Tiago H. était prêt. Il a passé l’audition et l’a remportée.

IE : Vous avez dû être fier…

AC : Avec son sourire, son bel aura, sa belle lumière et son potentiel vocal, je savais qu’il réussirait.

IE : Vous êtes son coach sur l’opus qu’il sortira en octobre et sur sa tournée à venir, mais vous êtes également l’un de ses auteurs …

AC : Son producteur ne souhaitait pas qu’il y ait qu’un seul auteur sur l’album qui est en préparation. J’ai écrit une chanson qui, à ma grande surprise, a été choisie pour être le prochain titre que Tiago H. défendra en septembre. Je suis ravi qu’il lui ait plus. Il lui scie à merveille. Il y en aura d’autres.

IE : Vous vous occupez également de Auguste Truel …

AC : Oui. C’est un chanteur lyrique de quinze ans que l’on va retrouver en décembre prochain dans l’émission « Prodiges » sur France 2. Je m’occupe également de Noa. Je lui ai écrit « Pas à pas papa », un titre qui est en train de monter en puissance.

IE : Vous faites beaucoup pour les autres et pour vous, qu’elle est votre actualité ?

AC : Je viens de travailler avec Mathieu Saladin, l’un des pères fondateurs de la musique gothique pop. Ensemble, nous venons de terminer l’album d’une comédie musicale lyrique qui s’appelle « Lord » et qui sera présenté lors d’un show case en octobre ; l’objectif étant de la monter sur scène. À la rentrée, je serai également en tournée un peu partout en France avec le spectacle « La Voix de l’autre » et je sors en version vinyle tous mes albums les plus réputés.

IE : Que peut-on vous souhaiter ?

Que « Moi Barth esclave du coton », une histoire qui m’est venue à la fin du Covid-19, nous emmène dans sa prochaine barque à moins qu’elle le ramène vers son village, ses parents, ses origines, sa terre…

Toutes les infos et dates sur : www.alexandrechassagnac.com

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Visuels : ©  Alexandre Chassagnac, Stephanie Moinard, 

 

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