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Greta Thunberg nommée Personnalité de l’année a parlé lors de la COP25

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La militante écologiste suédoise Greta Thunberg a été nommée « Personnalité de l’année 2019« par le magazine Time, devenant ainsi la plus jeune lauréate de cette catégorie.

A 16 ans, la jeune fille milite depuis plusieurs année pour la lutte contre le réchauffement climatique.  Elle dit s’y être intéressée depuis l’âge de 9 ans. Malgré sa jeunesse, elle n’hésite pas à s’opposer aux grands de ce monde pour imposer ses idées.

A 11 ans, à la suite d’une dépression de 8 mois, on décèle sur elle un syndrome d’Asperger ( forme d’autisme sans déficience intellectuelle, ni retard de langage), un trouble obsessionnel compulsif, un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité et un mutisme sélectif. Cela ne l’empêche pas d’imposer ses idées bien arrêtées sur le climat avec conviction.

2018 est pour elle une grande année puisqu’en mai, elle est l’une des lauréates du concours d’écriture sur le climat, organisé par le Svenska Dagbladet. A la suite de cela, elle rencontre Bo Thorén, militant écologiste de la première heure dont l’association « Fossil Free Dalsland », créée en 2013, cherche à mettre fin aux industries fossiles dans le Dalsland (province historique située à l’ouest de la Suède).

Eté 2018, alors qu’elle n’a que 15 ans, elle proteste devant le Parlement suédois contre l’inaction face au changement climatique, refusant de retourner à l’école jusqu’aux élections générales du 9 septembre suivant. Devenue vegan, elle refuse les achats superflus et cesse de prendre l’avion tout comme sa famille.Quelques mois plus tard, en novembre, elle décide de lancer la « Grève scolaire pour le climat » (Skolstrejk for klimat) qui se propagera à travers le monde entier après son discours à la conférence de Katowice de 2018 sur les changements climatiques (COP24), en décembre de la même année. Elle exigeait que le gouvernement suédois réduise les émissions de dioxyde de carbone d’origine fossile, comme prévu par l’accord de Paris en appelant à une  » grève de l’école » pour le climat. Après les élections, elle continue à manifester tous les vendredis.

Sa biographie « Scènes de coeur » (Scener ur hjärtat), rédigée par ses parents, sa soeur et elle-même, est publiée le 24 août 2018, quelques jours après le début de sa grève. Sa dépression, ses dialogues  en famille, ses craintes sur l’environnement et le réchauffement climatique y sont évoqués.

Son militantisme la conduira dans de grandes capitales, du Parlement Europeen à Bruxelles au siège des Nations Unies à New-York en passant par Londres où elle participe à la » déclaration de rébellion » organisée par Extinction Rebellion. (« .. Notre biosphère est sacrifiée pour que les riches des pays comme le mien puissent vivre dans le luxe »..). « Friday for Future » est relégué par les médias du monde entier.

En novembre et décembre 2018, plus de 20 000 étudiants au total avaient organisé  des grèves dans au moins 270 villes d’Allemagne, des Pays-Bas, de la Finlande,  du Danemark , du Luxembourg, de la France, de la Belgique, où Anina de Wever et Kyria Gantois s’inspirent de son action, du Royaume-Uni et de la Suisse. C’est aussi le cas en Australie, au Canada, aux Etats-Unis et le Japon.

En avril 2019, après s’être exprimée lors de la Journée Mondiale de l’autisme, elle prononce  un discours devant la Chambre des Communes à Londres. En Autriche, suite à l’invitation d’Arnold Schwartzenegger au Sommet mondial des régions pour le climat, elle rappelle la responsabilité commune des présidents et politiciens.

En Juillet, elle en fera de même à Paris au Palais Bourbon, invitée par le député non-inscrit Matthieu Orphelin, appuyé par 161 collègues, en compagnie de 3 militants français du climat (Ivy-Fleur Boileau, Virgile Mouquet, Alicia Arquetoux) et de la climatologue Valérie Masson-Delmotte, vice-présidente du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Toutefois, ce ne se fera pas à l’unanimité puisque certains députés étiquetés à droite dont Guillaume Larrivé (LR), Julien Aubert, Valérie Boyer, Jean-Louis Thiériot, Constance Le Grip, la  Bénédicte Peyrol (LREM)et Sébastien Chenu (RN) demandent à boycotter  cette réunion. Toutefois, elle reçoit le soutien de Delphine Batho, Nicolas Hulot et Olivier Faure.

En septembre 2019, elle participe à Montréal à la « Grève mondiale pour le climat » selon le mot d’ordre qu’elle avait lancé en mars (« Il nous faut une nouvelle façon de penser. Le système politique que vous, les adultes, avez créé n’est que compétition. Vous trichez dès que vous pouvez car tout ce qui compte, c’est de gagner. Nous devons coopérer et partager ce qui reste des ressources de la planète d’une façon juste »). Le défilé qui rassemblait plus de 500 000 personnes est historique. Le Premier Ministre, Justin Trudeau qui y participait remet symboliquement à la fin de la marche, les clés de la ville à Greta.

Invitée par le secrétaire général des Nations  Unies, Antonio Gutteres, elle se rend au Sommet mondial pour le climat à New-York  sur le voilier de course Malizia II, doté de panneaux solaires et d’hydrogénérateurs, qui hisse pour l’occasion une voile barrée du slogan Fridays for future. Le 23 septembre, elle s’exprime à l’ONU et intente  avec 15 autres mineures, une action juridique auprès du comité des droits de l’enfant contre cinq pays pollueurs ayant ratifié la convention de l’ONU sur les droits de l’enfant : la France, l’Allemagne, l’Argentine, le Brésil et la Turquie.

Refusée au Brésil, la Cop 25 qui à l’origine devait se dérouler au Chili, s’est finalement tenue à Madrid du 2 au 15 décembre.  Après 2 semaines de dures négociations, elle s’est terminée dimanche 15 décembre avec 15 heures de retard, sans vraiment avoir trouvé de solution sur les points essentiels pour répondre à l’urgence climatique et aux appels pressants des militants écologistes, tout en spécifiant le besoin urgent à agir contre le réchauffement (réduire l’écart entre le s engagements et les objectifs de l’accord de Paris et limiter le réchauffement à +2°C, voire +1,5°C) . La difficulté à trouver  un accord sur les règles des marchés carbone internationaux est une déception pour le secrétaire général des Nations Unies, d’autant que la hausse des températures atteindra bientôt un point de non retour si les émissions carbone ne diminuent pas.

On a assisté à un bras de fer entre de nombreux pays issus d’une alliance progressiste de petits Etats insulaires et de pays européens, africains et latino-américains, l’Union européenne qui s’est engagée à parvenir à la neutralité carbone en 2050, face à plusieurs gros pollueurs dont le Brésil, la Chine, l’Australie, l’Arabie saoudite et les Etats-Unis..Le résultat  de cette réunion dont le slogan était « Le temps de l’action » s’est montré très insuffisant au goût des ONG. Il en résulte que 80 pays représentant 10% des émissions mondiales, se sont engagés à relever leurs engagements. Les défenseurs de l’environnement ont accusé l’Arabie saoudite, le Brésil, la Chine et l’Australie de vouloir introduire des dispositions décriées dans les règles sur les marchés carbone.

Pour le président brésilien, Jair Bolsonaro, la COP 25 n’a été qu’un « jeu commercial » auquel se seraient livrés les pays riches, notamment les européens.

Greta Thunberg, de son côté, a tenté en vain de secouer les Etats avec des discours poignants (« Je vous le dis, il y a de l’espoir. Je l’ai vu. Mais il ne vient pas des gouvernements ou des entreprises. Il vient du peuple »… « La science est claire, mais la science a été ignorée ». Quoi qu’il arrive, nous n’abandonnerons pas, nous ne faisons que commencer »..).

Alors qu’elle rentrait en Suède en train, elle a du voyager assise par terre, alimentant une polémique avec la compagnie des chemins de fer  allemands. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois  compte tenu des attaques et moqueries du président américain Donald Trump après la nomination de la suédoise par le Time, lui conseillant de se détendre et auquel elle a répondu avec humour et dérision.

De son côté, Vladimir Poutine ne partage pas l’enthousiasme général envers la jeune fille et dénonce une instrumentalisation. A ses qualifications de « gentille fillette », elle répond avec ironie.

Pour Helen Mountford du think tank american World Resources Institute:  » L’esprit du « tout est possible », qui a donné naissance à l’accord de Paris, n’est plus qu’un souvenir lointain aujourd’hui …Au lieu de prendre la tête d’un mouvement pour une plus grande ambition, la majorité des grands émetteurs ont été portés aux abonnés absents. Au lieu de prendre la tête d’un mouvement pour une plus grande ambition, la majorité des grands émetteurs ont été portés aux abonnés absents. »

La nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a présenté son Pacte vert européen. En revanche, ni la Chine ni l’Inde ne se sont ouvertement engagés à présenter des plans climat plus ambitieux l’an prochain.

Tous les Etats doivent soumettre d’ici la COP26 de Glasgow une version révisée de leurs engagements

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